24/02/2009 D´ici 2030, certaines régions françaises, actuellement bien dotées en médecins comme le Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées et l´Ile-de-France risquent de devenir de nouveaux "déserts médicaux" face aux besoins d´une population vieillissante, selon une étude émanant du ministère de la santé*. Au 1er janvier 2007, la France comptait 208 000 médecins actifs. Globalement, ce nombre devrait chuter de près de 10% au cours des dix prochaines années (188 000 en 2019) avant de retrouver quasiment son niveau d´aujourd´hui en 2030. Ce scénario suppose le relèvement progressif du numerus clausus jusqu´à 8000 en 2011 (contre 7300 en 2008), ainsi que le maintien des choix individuels des médecins à long terme. Même si le nombre de médecins atteint 206 000 en 2030, la densité médicale serait plus faible qu´aujourd´hui en raison d´une croissance de 10% de la population : elle passerait de 327 à 292 médecins pour 100 000 habitants, soit une baisse de 10,6%. Le nombre de médecins par habitant de 60 ans ou plus diminuerait même de 36%.
Des spécialités plus menacées que d´autres Parmi les spécialistes, les évolutions d´effectifs seraient très contrastées : la baisse serait drastique en médecine du travail (-62%), en rééducation et réadaptation fonctionnelle (-47%), en ophtalmologie (-35%), en dermatologie-vénérologie (-32%) et en rhumatologie (-30%) ; elle serait importante mais moins sévère en ORL (-19%), en anatomo-cytopathologie (-19%), en pneumologie (-19%), en gastro-entérologie (-13%), en médecine interne (-12%). A l´opposé, les effectifs augmenteraient fortement en neurologie (+47%), en santé publique (idem), en chirurgie (+40%), en endocrinologie (+24%), en pédiatrie (+20%), en gynécologie-obstétrique (+13%). |
Des inégalités régionales modifiées mais pas réduites Les évolutions des densités médicales régionales seraient également très différenciées. La densité médicale chuterait fortement en Corse (-35%), en Languedoc-Roussillon (-30%), en Ile-de- France (-26%), en Paca (-26%) et en Midi-Pyrénées (-22%). Ainsi, en Languedoc-Roussillon, le nombre de médecins en activité diminuerait de 8% d´ici 2030, tandis que la population devrait croître de 30%. Au contraire, la densité médicale croîtrait de 10 à 16% en Poitou-Charentes, en Franche-Comté, en Basse-Normandie, en Bretagne, en Auvergne et en Lorraine. Le Limousin et l´Auvergne, notamment, seraient mieux dotées en médecins que les autres régions !
... "Ces résultats régionaux mettent en évidence le danger qu´il y aurait à focaliser l´attention sur l´actuelle répartition des médecins sur le territoire national. Ils font également apparaître la nécessité d´anticiper longtemps à l´avance", commente la DREES. Par ailleurs, l´étude souligne la concentration probable de l´activité médicale dans les pôles urbains disposant d'un CHU: le nombre de médecins y exerçant augmenterait de 5,5% d´ici 2030, alors qu´il baisserait de 25,1% dans les zones rurales, de 10,5% en couronne périurbaine, de 6,2% dans les pôles urbains sans CHU. Les campagnes et les banlieues seraient ainsi, particulièrement délaissées. les disparités régionales actuelles, ne s´atténueraient pas. "Cet exercice montre que les mesures brutales de régulation, fondées sur les écarts constatés actuellement, risquent d´inverser les inégalités actuelles, sans en réduire l´ampleur", concluent les auteurs de l´étude.
* Etudes et Résultats n°679, DREES, Février 2009.
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